A ne pas mettre dans toutes les mains !

En juillet 1912, Henri Gaullier, le sculpteur de la fontaine monumentale de la place du 18 Octobre 1870 (Robert Simon, Châteaudun de l’incendie à la Belle Époque, 1723-1914, p. 121) donne à la Société Dunoise cette pique en fer forgé qu’il a trouvée dans la maison qu’il habitait près du château.

C’est un fer d’arme de hast en forme de feuille de saule, avec sur une face une proéminente arête médiane, la face opposée est plane. Les bords sont tranchants, la douille est percée de deux trous et il y a des imperfections visibles sur la face plane. Une tôle de fer était forgée pour faire la soie et repliée toujours à chaud pour former la douille. La pénurie d’armes qui sévissait depuis 1789 obligea le gouvernement à favoriser la production artisanale de ces piques faciles à réaliser (loi du 3 août 1792). Sur la face plane, près du talon, elles devaient être marquées des initiales des ateliers nationaux A et N (toute pique non marquée devait être confisquée).C’est ainsi qu’en 1793, la commune de Courtalain reçut 100 livres pour faire fabriquer des piques et armer les citoyens indigents, mais les piques à Châteaudun coûtaient 10 livres l’unité, alors pour en avoir plus, elle décida d’économiser sur l’achat de la matière première en utilisant la grille en fer qui entourait la croix du cimetière, ce qui a permis de fabriquer 20 piques et chaque manche coûta 10 sous (Délibérations et autres actes officiels de la municipalité de Courtalain, depuis le 1er janvier 1790 jusqu’aux derniers mois de 1795, fabrication de piques, p. 39 et 40, bulletin de la Société Dunoise,  tome 11, 1905).

Le 3 mars 1903, le président de la Société Dunoise a reçu, par l’intermédiaire du maire de Châteaudun, une lettre de l’archiviste municipal de Paris qui lui demandait s’il était vrai que le fer de la pique qui avait porté la tête de la princesse de Lamballe était conservé au musée de la société (tome 10, 1901, « fer de pique et la princesse de Lamballe » p. 295). Il lui a été répondu par la négative.

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Longueur de la soie 40 cm, largeur de la soie près du talon 4,8 cm, longueur de la douille 13,5 cm diamètre de la douille 3,1 cm. Datation : 1792 -1795.

 

 

Source autre que la Société Dunoise : Faget Renaud, « L’arme de la liberté » : usage et enjeux de la pique révolutionnaire, Annales historiques de la Révolution française, 2018 n°393.

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